Ce soir-là du 16 décembre dernier, j’étais rentré un peu tard. J’ai pourtant vite allumé la télé pour voir la fin de la 3e édition du Grand Webze. C’est comme ça, que voulez-vous, François Rollin @francoisrollin me fait rire et son acolyte Vinvin @vinvin aussi…
L’émission est à revoir ici si vous l’avez manquée…
Je vous raconte rapidement. Après un moment, Vinvin annonce qu’on va parler vie privée et données personnelles. Bon, déjà, ce genre de sujet a tendance à me faire frémir… Parce que c’est un des marronniers préférés des médias quand ils décident de s’attaquer de front à Internet, parce que cette antienne est reprise en chœur par les politiques ou les quidams qui passent sur les plateaux de télé, parce que… Bref, marre des frémissements, des peurs entretenues, des angoisses, des sophismes à la noix utilisés en général à ce sujet.
Bon, ça n’a pas raté : Laurent Baffie, le clown de service, pas drôle ce soir-là, prend l’exemple de son fils :
« À 15 ans ,dit-il, il met en ligne une soirée avec des potes »…
Et de continuer :
« Les sociétés vont sur Facebook avant d’employer quelqu’un et on voit bien l’effet pervers dès maintenant… ».
Soupir !
Vinvin enchaîne :
« Ne serait-ce pas un problème d’éducation ? On fait quoi, on leur interdit l’ordinateur ? On fait quoi ? ».
Là, intervient l’invité sur ce sujet, Jérémie Zimmermann @jerezim, membre du CA d’April, cofondateur de la Quadrature du Net, bref grand défendeur de l’Internet et du logiciel libre devant l’éternel :
« Il y a de ça… Un gamin, un ado, il ne sait pas faire la différence entre sa vie privée et sa vie publique. Il faut qu’on lui explique que cliquer sur publier, ça veut dire rendre public, au monde entier… pendant des années, jusqu’à la fin de l’Internet… ».
Bon, me dis-je, Zimmermann n’a pas lu son Manach @manhack — rappelez-vous son bouquin « La vie privée, un problème de vieux cons » que cet article peut illustrer — et a oublié qu’un ado, ça vit forcément en rupture avec les doxas des adultes, que ça prend forcément des risques et que c’est aussi très ambivalent.
Il est d’ailleurs intéressant de noter, les études récentes le montrent bien, que les adolescents, qui pensent d’ailleurs être plus compétents que leurs parents à ce sujet, sont très soucieux, contrairement à ce que pensent ces derniers, de ne délivrer ou faire savoir d’eux que ce qu’ils souhaitent. Ils prennent des risques dans ce domaine, certes, mais qui ne se traduisent pas forcément par des conséquences négatives.
Ils s’en soucient tellement, de leur vie intime, que plus d’un quart d’entre eux ont paramétré leur compte Facebook de telle manière que leurs parents ne voient pas les informations qu’ils échangent entre eux. Et il y a aussi cette splendide anecdote rapportée par Jean-Marc Manach et issue d’un article du New York Times…
Voir à ce sujet les enquêtes récentes de TrendMicro, de Fréquence École, de TNS-Sofres, de LSE Kids Online.
J’en reviens à Jérémie Zimmermann qui continue, très sérieusement :
« Comme on apprend à lire et à écrire, on va apprendre aux gamins à chiffrer leurs communications personnelles, à chiffrer leurs données… ».
Deuxième soupir !
Et je me dis alors in petto que M. Zimmermann n’a pas dû souvent en rencontrer, des ados, et échanger avec eux à ce sujet. Et je me dis in petto que, ce soir-là, Jérémie Zimmermann m’a fait penser furieusement à Nadine Morano qui, comme secrétaire d’État chargée de la famille et de la solidarité, entonnait les mêmes refrains sur la même tonalité condescendante. Voir ces articles, ici et là.
Et puis, j’ai pensé aux Belges…
C’était il y a un an déjà… L’association Yapaka développe un programme de prévention de la maltraitance à l’initiative du ministère de la communauté française de Belgique.
Le 23 décembre 2010, sous le titre « Parents bonheur, la protection totale de vos enfants », Yapaka mettait en ligne une série de 8 courtes vidéos. Ces dernières abordent l’essentiel de ce que les parents doivent savoir quant au langage et au comportement adopter avec des enfants ou des adolescents concernant les pratiques numériques, sur l’Internet pour l’essentiel. C’est clair, concis, splendide, incisif, ciselé, très pédagogique, c’est belge et c’est là. Ces gens-là ont décidément de l’éducation aux médias numériques une toute autre vision, plus éclairante et sagace, moins anxiogène, plus citoyenne enfin.
Tout le contraire du couple Zimmermann-Morano.
Je ne résiste pas au plaisir de vous en montrer deux, très exemplaires de ce point de vue. Regardez bien jusqu’au bout, ce n’est pas très long… Ce sera mon cadeau de Noël.
Décidément, on ne le dira jamais assez, nous devons beaucoup aux Belges !
Michel Guillou @michelguillou
Sur le numérique et sur des valeurs fondamentales que je tente modestement de défendre dans mon coin, découvrez mes éditos humanistes sur http://citoyen3.chez-alice.fr ouvert depuis 2001. Je mes suis basé, pour les écrire de mon observation imparfaite de la société à travers des événements d’actualité et aussi de mon expérience de Responsable-bénévole dans l’humanitaire depuis des années (voir aussi http://pourlesautres.fr )