La question de l’ouverture de l’école au monde est une déjà vieille question. On s’écharpe volontiers à ce sujet dans les salles de profs, certains plaidant pour une école sanctuaire, préservée des turpitudes d’au-delà les murs, d’autres énumérant tous les avantages de l’ouverture et des sorties scolaires, dans la nature, dans la ville, au musée… Interrogé à ce sujet, l’historien Claude Lelièvre rappelle dans Le Monde que l’école « s’est donc bâtie contre les familles et les communautés religieuses, pour propager la religion civique et républicaine. Elle est construite en méfiance avec le reste de l’espace. On reste dans cette logique d’école sanctuaire, fermée. Du coup, la nature n’est pas du côté de l’école. ». Il évoque par ailleurs le renoncement actuel et consensuel, pour des motifs de sécurité qui n’ont cessé de croître ces derniers années, des maîtres à organiser des sorties, comme certains se sont crus autorisés à le faire à la fin du siècle dernier.
Ghislain Dominé était convaincant sur ce sujet, il y a quatre ans :
« Mais il s’agit de ne pas couper l’école du monde. À sanctifier, on rend l’objet inerte. Inamovible. Figé dans une temporalité fantasmée. Ne cherchons pas plus loin l’inertie quant aux propositions pédagogiques ou techniques. »
Le numérique a changé la donne. D’abord parce qu’il permet à beaucoup d’entre les professeurs, par le truchement de l’image fixe ou animée, de montrer commodément ce qui se passe dans le monde, d’observer la nature, d’expérimenter, de chercher, de décrypter l’actualité. Mais aussi parce qu’il permet, en classe, dans la poche des élèves mais aussi sur les terminaux installés dans les classes des écoles et établissements, de se faire, comme le dit le programme de la classe maternelle « une idée d’un monde en réseau qui peut permettre de parler à d’autres personnes à distance », si lointaines et différentes soient-elles, et de s’approprier bien sûr les connaissances et les savoirs, si nombreux, mis à disposition sur Internet.
L’éducation aux médias et à l’information est incompatible avec la censure généralisée du web
Tout n’est pas si simple car il y a l’ÉMI. Éduquer aux médias et à l’information, c’est, rappelons-le, comme on l’énonce sur Eduscol :
« Une pratique citoyenne des médias : une lecture critique et distanciée de leurs contenus et une initiation aux langages, aux formes médiatiques pour pouvoir s’informer suffisamment, s’exprimer librement et produire soi-même de l’information. Le développement d’une compétence de recherche, de sélection et d’interprétation de l’information, ainsi que d’évaluation des sources et des contenus. Une compréhension des médias, des réseaux et des phénomènes informationnels dans toutes leurs dimensions : économique, sociétale, technique, éthique. »
Cette pratique citoyenne des médias, lecture, expression, ne peut en aucun cas s’accommoder, comme c’est le cas en milieu éducatif, d’une censure généralisée du web, où se nichent aujourd’hui les informations. Il y a plus de deux ans déjà, je posais ces questions :
« Comment travailler avec les élèves à repérer, au fil des recherches, les sites où sont les propos illégaux, délictueux ou même possiblement criminels si personne ne les voit ? Comment agir pour les signaler si on n’en a pas connaissance ? Comment apprendre à se comporter sur les réseaux sociaux si on ne peut pas s’en servir, à comprendre et déchiffrer un message vidéo, si la plateforme qui l’accueille est censurée ? »
J’ajouterais aujourd’hui : dans un écosystème informationnel désintermédié néanmoins massivement censuré, comment travailler à déjouer le complot, à combattre la désinformation et la manipulation, à repérer les rumeurs, à éviter la propagande ? Et puis, pour en venir enfin au propos de ce billet : comment prévenir toutes les formes de violence, dont le harcèlement, comment dénoncer les incivilités en ligne, les propos illégaux, comment éduquer à la pornographie ?
La prévention de la violence, entre négation et attentisme
La violence n’a pas sa place à l’école. Les personnels de la vie scolaire et les enseignants mettent tout en œuvre aujourd’hui, après que l’institution ait négligé de s’en préoccuper, pour prévenir les premiers signes de son apparition et sanctionner ceux qui s’y abandonnent. Le harcèlement est une forme particulièrement odieuse de violence. Qu’il soit psychologique ou physique, sexuel ou pas, l’école en porte trop souvent le poids en l’appelant « harcèlement scolaire » alors qu’il est essentiellement sociétal. Il se manifeste en effet autant dans la rue, sur le chemin de l’école, dans les transports en commun, partout, qu’en ligne, sous la couette, par exemple, tard dans la nuit.
Les outils de sensibilisation sont nombreux, voir cette page, mais, comme je le disais récemment, « sensibiliser » semble être le mot à la mode pour dire qu’on est, en fait, incapable d’éduquer ou d’apprendre. Il en va du harcèlement comme de tout ce qui, provenant d’au-delà des murs de l’école, augmenté ou poussé parfois par le numérique, pénètre le milieu scolaire.
Concernant ces irruptions numériques supposées, qui passent bien souvent par le smartphone, les mesures prises sont alors toujours les mêmes, semblant procéder de démarches parfois très antiéducatives. On commence par interdire, c’est simple — nos élites parlementaires font la même chose quand elles ne comprennent pas, elles interdisent, ou elles taxent, c’est selon. Quand l’interdiction ne suffit pas, que les personnels d’éducation sont débordés, on met alors en place des démarches de sensibilisation. Ces dernières s’avèrent, sur la durée, bien souvent insuffisantes et inopérantes. Naturellement, devraient venir alors de véritables moments éducatifs de formation, de dialogue et d’échanges entre élèves et adultes, y compris les parents, sur tous ces sujets sensibles.
On s’organise alors tous ensemble pour savoir qui ne va pas s’y coller.
Je plaisante ? À peine. Je caricature ? Pas plus. Ces sujets n’intéressent généralement pas l’école et ses acteurs, ou alors très modérément, qui considèrent toujours pouvoir s’en préserver puisque tout cela vient d’ailleurs.
Et pourtant, concernant les contenus violents en ligne, à la télévision ou sur Internet, d’autres, qui se préoccupent aussi d’éducation aux médias et à l’information, proposent des actions fort intéressantes. Ainsi la campagne du CSA diffusée sur les grands médias audio et télévisuels concernant la protection « du jeune public » :
La censure et la négation de la pornographie
Car éduquer aux médias, c’est évidemment aussi éduquer à la pornographie. J’ai bien conscience que cette dernière proposition peut choquer, néanmoins il faut prendre en considération que la pornographie est présente massivement sur le principal support des médias, le web, que les élèves ont tous, ou presque, dans la poche un appareil qui leur permet d’accéder en deux clics à des contenus pornographiques et que les filtres de contrôle parental sont inopérants ou presque. Il faut prendre en considération aussi, comme le rappelle cet article du portail Internet responsable, la nécessité prévue par la loi de protéger les mineurs.
Je ne rentre pas dans les détails. Mais, en annonçant d’entrée qu’« il existe de nombreux outils contribuant à la protection des mineurs sur internet mais […] ils ne remplacent pas la pédagogie, la formation et le dialogue avec les adultes », cette page énonce clairement les enjeux. Les adultes, les parents les premiers mais aussi, dans les écoles et établissements, tous ceux qui contribuent à l’éducation des élèves, dont les professeurs, sont invités fortement au dialogue sur ces questions et à mettre en place des démarches éducatives.
Qu’en est-il en réalité ? Soucieuse de protéger les mineurs qui s’y trouvent, l’école a, dès l’arrivée d’Internet dans les établissements scolaires, mis en place des technologies sophistiquées de censure et de filtrage. À ce qui était prévu par l’institution, depuis que les collectivités ont pris en charge la connexion des écoles et établissements à l’Internet, elles ont ajouté des dispositifs techniques supplémentaires. Tout y passe, d’une manière parfois redondante : filtrage par serveur mandataire et listes noires ou catégories, filtrage au niveau du DNS, filtrage par DPI…
L’imagination du censeur n’a pas de limite…
J’ai déjà longuement évoqué les conséquences lamentables et l’ineptie d’une telle politique dans un article qui est de ceux les plus lus et commentés sur ce blogue. Intitulé « Chronique de la censure ordinaire en milieu éducatif », il montre assez bien, je crois, comment l’institution a renoncé à éduquer et imaginé, quelle illusion !, qu’une réponse technique pouvait pallier un déficit éducatif. Louise Merzeau, trop tôt disparue, que je cite dans le billet en référence, disait, à propos du filtrage et de la censure à l’école que c’était une « absurdité culturelle » et un « crime contre l’éducation ».
C’est une absurdité, en effet, pour plusieurs raisons :
- il ne se passe pas un seul jour, une seule minute sans qu’apparaisse sur le web, sous des appellations parfois bien innocentes, de nouveaux sites web à filtrer ou censurer, et la course humaine ou technique est perdue d’avance ;
- bien entendu, ces dispositifs, dont j’ai dit qu’ils étaient multiples et redondants, ont la fâcheuse manie de produire un nombre considérable de « faux positifs », ce qui a des conséquences fort fâcheuses sur les enseignements, notamment dans certaines disciplines, désespérant nombre d’enseignants de bien vouloir travailler en ligne avec leurs élèves, sans compter que certains examens, en TPE et dans certaines disciplines, n’ont pu se tenir à cause d’un filtrage surpuissant ;
- les équipes techniques des académies et des collectivités ont consacré beaucoup plus de moyens humains et financiers à filtrer et censurer qu’à accompagner par de la formation ou des ressources les arrivées massives de matériels — les tablettes numériques tout récemment, par exemple ;
- il n’y a pas un seul dispositif technique de filtrage qui ne se soit avéré complètement troué, les élèves les plus inventifs mettant tout en œuvre, c’est un jeu très rigolo et plutôt facile, pour les outrepasser — il y a même des sites ou des forums où ne parle que de ça ;
- certains enseignements deviennent totalement impossibles à mener sérieusement, en documentation, en éducation aux médias et à l’information ;
- filtrer, censurer sont des démarches antinomiques et dommageables à l’éducation, car, comme disait Mario Asselin, je le répète : « [Il] est plus dangereux de ne pas éduquer devant la présence de dangers potentiels que de mettre à l’Index et de risquer que les jeunes soient confrontés aux mêmes dangers (hors de l’école) sans les moyens d’y faire face. ».
De sérieuses et curieuses dérives sémantiques
« Les adolescents sont exposés de plus en plus tôt à la pornographie sur internet. Avec l’apparition des tablettes et smartphones, tout le monde peut avoir un accès illimité et gratuit à des sites classés X. À la sortie des collèges et lycées parisiens, la plupart des élèves confient avoir déjà regardé des films pornographiques. »
C’est ainsi, sous le titre « Pornographie, le grand danger », que BFMTV annonçait, le 14 octobre dernier, le reportage fait « à la sortie des collèges et lycées parisiens » (sic). Depuis cet automne, la presse ne bruisse que de cela suite à l’affaire Weinstein, ce producteur américain accusé d’agressions sexuelles répétées. C’est à la suite de sophismes et d’amalgames douteux, renforcés par la communication politique, voir ci-dessous, qu’un glissement sémantique s’est opéré. Ainsi, tout naturellement, on est passé des agressions sexuelles contre les femmes au harcèlement, puis au cyberharcèlement, puis aux réseaux sociaux, enfin à la pornographie sur les smartphones des élèves — dont on dit par ailleurs qu’il faut les évincer de l’école, les smartphones, pas encore les élèves, car ils sont facteur de dispersion (sic encore).
C’est ainsi, tout naturellement, qu’on a commencé à expliquer que les violences faites aux femmes étaient la conséquence de la consommation de pornographie en ligne, sur les smartphones des enfants. Voir cet article de FranceTVInfo, traitant de la génération Youporn dans une rubrique consacrée aux droits des femmes, ou encore, sur le même média, cet autre article qui s’interroge sur la manière de protéger les mineurs de la pornographie sur Internet dans une rubrique sur les violences faites aux femmes.
Le discours politique est à l’unisson. Ainsi, notre bon président, cité par Le Monde, qui souhaite à l’évidence profiter de l’aubaine pour faire resurgir un vieux serpent de met et confier des pouvoirs supplémentaires de régulation sur Internet au CSA :
«… nous ne régulons pas aujourd’hui l’accès aux jeux vidéo, aux contenus sur Internet, aux contenus pornographiques de plus en plus diffusés. (…) Nous devrons donc repenser le cadre de notre régulation, en particulier des contenus audiovisuels, en prenant en compte l’évolution du numérique afin d’étendre les pouvoirs et la régulation du CSA. »
Et d’ajouter dans le même élan :
« Unissant mondes virtuels, stéréotypes, domination et violence, la pornographie a trouvé grâce aux outils numériques un droit de cité dans nos écoles. Nous devons prendre à bras-le-corps ce phénomène que nous avons trop longtemps refusé de voir. »
Puis, pour insister sur le lien supposé de causalité :
« Nous ne pouvons pas d’un côté déplorer les violences faites aux femmes et de l’autre, fermer les yeux sur l’influence que [la pornographie] peut exercer sur de jeunes esprits… »
Les ministres montent alors au créneau. Laurence Rossignol, ex-ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, comme le titre Le Monde, relance l’idée du blocage des sites pornographiques aux mineurs, sans d’ailleurs être capable de fournir une seule proposition adéquate pour répondre au problème. Ce qui ne l’empêche nullement de s’attaquer à la liberté d’expression « On voit bien que la liberté d’expression ça sert à tout, et aussi à défendre la pornographie et [son] accès sur le Net. ».
Dans un article de l’Express où il est interrogé à ce sujet, Marc Rees, rédacteur en chef de Nextinpact, s’amuse : « Envisager l’intervention du CSA sur Internet, ce serait comme vouloir éponger l’océan avec une petite cuillère ». Il ajoute qu’à son avis, l’institution n’est pas la meilleure solution pour encadrer ces contenus. « Est-ce qu’il ne revient pas de gérer l’accès au porno des enfants aux parents ? Les enfants ne devraient-ils pas être encadrés et éduqués par l’école ? », se demande-t-il.
La réalité de l’encadrement programmatique
Les solutions proposées sont, devinez quoi !, de sensibiliser sur ce sujet parents et professeurs. Comme si, comme le fait à juste titre remarquer Nextinpact, le cadre programmatique n’existait pas ! Le socle commun de compétences et de connaissances, prévoit en effet, un dispositif d’éducation à la sexualité, voir ci-contre, qui doit faire l’objet d’« une démarche partenariale associant l’équipe éducative, les parents, les élèves et les intervenants extérieurs. ». Au collège et au lycée, il est prévu d’y associer « les conseils de vie collégienne et les conseils des délégués à la vie lycéenne », et ce travail éducatif « doit prendre la forme d’une invitation au dialogue et non d’un discours sur la sexualité. ».
Dans ce cadre, de manière bienveillante, l’école est à même de mettre en place une véritable éducation aux médias qui s’intéresse aussi à ce que ces derniers peuvent parfois véhiculer de contenus violents, négationnistes, racistes, homophobes, discriminatoires, pornographiques… et aussi simplement inadéquats ou incivils.
Mais, à ma connaissance — il est vrai que les textes sont récents —, ces dispositifs, qui doivent être insérés dans le projet d’établissement, ce qui diffère souvent largement leur mise en œuvre, tardent à trouver leur place dans les enseignements et les emplois du temps. Les parents et les professeurs, pourtant les premiers concernés, à mon avis, se déchargent parfois de ces missions au profit d’intervenants extérieurs.
Des associations se sont déjà positionnées sur le créneau :
Filtrer les contenus porno sur internet ? Pourquoi pas mais cela ne nous exonère pas d’expliquer au public jeune que la réalité est différente de la fiction : notre module « médias et sexualité » à partir de la 4ème https://t.co/YBUkaIpZBN https://t.co/KBFfAojdW5
— Génération Numérique (@assoGeNum) December 4, 2017
Il y en a d’autres, beaucoup d’autres, dont il est souvent difficile d’apprécier la pertinence des propos de leurs intervenants mais qui savent bien vendre, auprès des associations de parents, des collectivités ou des établissements eux-mêmes, leur petite affaire. Les intervenants, rompus à l’exercice, munis de ressources nombreuses fabriquées en interne, des vidéos ou des animations le plus souvent, expliquent ce qu’ils ont prévu d’expliquer — voir ci-dessus — aux enfants, aux élèves, là où on devrait pouvoir espérer, sur ces sujets éminemment sensibles, de l’écoute et beaucoup de dialogue.
On pourra s’appuyer, par exemple, pour mieux comprendre ces enjeux, sur l’excellent travail du psychologue et psychanalyste Yann Leroux intitulé Internet, sexualité et adolescence.
Les atteintes à la raison
Il m’est nécessaire de dire ici combien est grande et sincère mon admiration pour tous ceux des adultes, éducateurs, les professeurs d’histoire les premiers, qui, contre les courants contraires parfois, réussissent à enseigner l’histoire des génocides perpétrés par le nazisme, l’histoire de l’esclavage, dans toutes ses époques et déclinaisons, les colonisations, les guerres de religion, les révolutions.
De même, j’admire aussi le travail de celles et ceux qui ont à expliquer le fait scientifique, contre toutes croyances, l’évolution des espèces par exemple, histoire de s’affranchir de toute idée préconçue et d’interroger le réel, ou même tout simplement, la rotondité de la Terre ou les mouvements des étoiles… L’attitude de certains élèves est alors strictement schizophrénique, se montrant capables d’être dociles et attentifs ou même de répondre aux questions qu’on leur pose alors qu’on fond d’eux-mêmes, ils pensent tout le contraire de ce qu’ils disent ou répondent.
Il en va de même pour d’autres rumeurs ou croyances, issues du discours complotiste ou fabriquées de toutes pièces pour nuire à la société et à l’école républicaine, qui sont transférées et proposées au débat en classe. Écouter les élèves est indispensable mais la raison commande de mettre des limites à cette confrontation parfois violente de points de vue inopposables. Il est vain, en effet, d’imaginer qu’on puisse opposer savoir et croire, en les mettant sur le même plan.
C’est parce que tout cela est aujourd’hui difficile, que le numérique propulse dans la classe toutes les opinions, si médiocres soient-elles, que la parole magistrale est alors délégitimée voire contestée, que certaines et certains de ces adultes éducateurs qui en prennent conscience renoncent et baissent les bras.
La simple évocation ou présentation d’une telle œuvre historique, voir ci-dessus, entraîne des « mouvements de foule » dans la classe, même en lycée. Bien des élèves, dont beaucoup de garçons, issus de familles où la nudité, dont celle de la femme en particulier, est taboue, où toute altération d’un comportement social très normé s’assimile à de la licence et expose aux insultes les plus basses, s’avèrent incapables d’appréhender à la fois la figure allégorique et la distance historique.
Présenter un tel travail artistique pour appuyer un fait historique, lire en classe certaines œuvres littéraires, dire certains mots peut choquer. Très fortement. Et certains enseignants ne s’y risquent pas. Et renoncent.
Ils ont bien tort, bien sûr. Mais comment le leur en tenir grief ?
Encore un sacré défi pour l’école d’aujourd’hui… et de demain. Qui ne peut en aucun cas renoncer à la raison, d’une part, au dialogue avec les élèves, d’autre part.
P. S. Il va falloir, je crois que je vous parle des dernières lubies européennes en matière de protection des données personnelles des mineurs sur les réseaux sociaux. Plutôt que de s’attaquer aux vrais problèmes, tenez-vous bien, la seule réponse trouvée semble être, je crois, en France, d’empêcher les jeunes d’accéder aux dits réseaux s’ils n’ont pas 16 ans. Cette nouvelle forme de censure qui stigmatise les jeunes serait tellement triste si elle n’était pas drôlissime. Mais, patientez… je vous en reparle.
Michel Guillou @michelguillou
Crédit images : Pxhere, puis par Raphaël – The Yorck Project: 10.000 Meisterwerke der Malerei. DVD-ROM, 2002. ISBN 3936122202. Distributed by DIRECTMEDIA Publishing GmbH., enfin par Eugène Delacroix — Erich Lessing Culture and Fine Arts Archives via artsy.net, deux œuvres du domaine public
Nota bene : Nombre de mots de ce texte doivent, au masculin, être considérés comme neutres et non sexués.
» Louise Merzeau, trop tôt disparue, que je cite dans le billet en référence, disait, à propos du filtrage et de la censure à l’école que c’était une « absurdité culturelle » et un « crime contre l’éducation » ».
Très bel article encore une fois de Monsieur GUILLOU.
Mais les enjeux sont dramatiquement plus importants.
La FRANCE est déjà passé à coté en son temps du développement d’une industrie de production de microprocesseurs et d’ordinateurs.
Ensuite elle est passée à coté de la production de grands produits « soft » pour gérer et développer ses systèmes.
Elle a ces derniers temps insuffisamment accompagnée le développement robotique et ne semble pas pressée d’être un grand acteur du développement de l’IA.
Mais pendant toutes ces dernières décennies, à mon avis, elle s’est surtout noyé dans le « pédagogisme » et la refonte permanente des programmes scolaires alors même que la formation initiale au numérique aurait du être le cheval de bataille de l’EN puisqu’on ne se donnait pas les moyens d’en maîtriser les « données » sur l’ensemble de la toile.
Ou se « niche » la formation des enseignants question numérique? Ou sont les prérequis et les aptitudes au numérique qui devrait prévaloir à tout recrutement des enseignants et dans toutes les disciplines? Ou est le plan de reconversion à proposer à tous ces enseignants qui n’ont pas la volonté ou les compétences pour s’adapter à cette conversion numérique?
Il faudra un jour mettre les « pieds dans le plat » et dire clairement que tout enseignant en ce début de XXIième siècle doit être compétent devant le numérique pour poursuivre sa mission de « service public » au service de la formation des futures générations.
C’est cet encadrement par compétences qui évitera de ne voir se mettre en place de plus en plus « d’interdits » qui ne sont là que pour protéger un grand nombre de personnels éducatifs.
Et il encore temps de réagir? Personnellement j’en doute de plus en plus au vu des décisions prises ces temps ci!!
D’accord bien sûr sur les objectifs à atteindre concernant la formation des profs ou le recrutement. De manière évidente, personne n’a perçu les enjeux en haut lieu.
En revanche, je désapprouve l’appellation de pédagogisme pour qualifier toutes celles et tous ceux qui se donnent la peine de penser et de réformer la pédagogie, de préférence en connexion avec leur temps. Quant aux programmes, c’était une nécessité ardente qu’ils changent. Ils devront changer encore car ils n’ont pas assez changé.
Certes. Mais le terme de « pédagogisme » pour moi ne s’attachait qu’à la personnalité des différents responsables ministériels de ces dernières décennies et naturellement pas aux enseignants/chercheurs!
Maintenant changer les programmes certes mais en y exprimant une volonté claire d’y intégrer la composante numérique dans tous leurs composantes. Convenez que c’est loin d’être le cas!
Toutes les pensées sont bonnes à lire, faut arrêter de faire les mijaurées. Le reflet de la société fait peur à la société, quelle ironie.
C’est pas en fermant les yeux ou en muselant les citoyens qu’on affronte ses problèmes et fait évoluer les choses.
Nous sommes dans une société de couards, muselés, contrôlés tels des enfants.
Et oui, dans le monde il y a autant de haine, de colère, de bêtise que de bon sentiments…. fermons les yeux, interdisons de s’exprimer, verbalisons, emprisonnons, mettons un voile rose en collant des Stickers bisounours et tout s’arrangera.