Ces deux derniers jours se tenait à la BNF la 2e édition d’un séminaire national du Plan national de formation, intitulé « Les métamorphoses du livre et de la lecture ». Pendant ces 3 jours, il était proposé cette année à ses 600 participants de s”interroger sur le sujet suivant : « Lire-écrire-publier à l’heure du numérique ».
Autant le dire tout de suite, j’attends encore de percevoir l’esquisse d’une seule métamorphose et on a, à peine — à grand peine, j’y reviens — évoqué les enjeux de l’émergence du numérique.
Se sont succédé sur l’estrade les membres d’un aréopage fort savant et passionnant d’inspecteurs généraux, de chercheurs et d’éditeurs. Tous faisaient montre à la fois d’une grande sagacité et érudition dans leurs propos — je passe sur leur incapacité à échanger avec leur auditoire — mais aussi d’une profonde et définitive inculture du numérique. Incapables d’en percevoir les enjeux, ils n’ont cessé de se replier sur des références qui appartiennent à un autre siècle et de manifester une anxiété chronique à l’égard d’Internet et de ses supposés travers économiques et sociétaux. On a atteint un sommet avec cette table ronde d’éditeurs frigorifiés et larmoyants…
Il est une deuxième inculture, parallèle à la première, dont ont fait preuve à l’évidence les intervenants de ces deux premières journées : ils se sont montrés totalement incapables de prendre en compte les modes de pensées, les évolutions, les postures d’une jeunesse qui évolue pourtant sous leurs yeux. Les pratiques sociales ou sociétales des jeunes, souvent ancrées dans le numérique, leurs sont étrangères. Ils ne les ont jamais évoquées ou presque.
Exception : Catherine Becchetti-Bizot a montré, elle, par ses prises de parole, une grande ouverture d’esprit et une grande compréhension de ce qui agite ce monde en mouvement.
Je ne pourrai demain, à mon grand regret, assister et pendre part aux ateliers qui clôtureront ce colloque. Je suis persuadé que les professeurs de français et de lettres qui y prendront part sauront au moins témoigner de leur expérience de la classe et du terrain pédagogique, des transformations d’une jeunesse qui n’a jamais autant lu ou écrit qu’aujourd’hui et de la réalité de cette culture numérique dans laquelle ils baignent.
Michel Guillou @michelguillou
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