J’en ai déjà parlé, bien sûr. Dans l’article « Terminaux numériques personnels en classe ? Chiche ! », je notais que la loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement, dite loi « Grenelle 2 » avait modifié le code de l’éducation, dans son article L511-5 :
Dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, l’utilisation durant toute activité d’enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, d’un téléphone mobile est interdite.
On notera que cette loi, censée avoir été votée pour des raisons sanitaires, introduit une discrimination entre adultes et enfants car, chacun le sait bien, les ondes émises par les mobiles des professeurs sont bienfaitrices alors que celles des téléphones des élèves sont très dangereuses.
On notera également qu’il est donc possible d’utiliser son téléphone mobile partout où le règlement intérieur l’autorise… et de le garder partout ailleurs bien au fond de sa poche car la loi n’interdit que l’usage mais pas la possession.
Asseyez-vous un moment, je vais vous raconter une histoire.
Un mien ami, professeur de Segpa de son état — vous savez ! Les Segpa sont ces sections de collège qui fournissent un enseignement général adapté, mais aussi professionnel, à des élèves qui présentent des difficultés d’apprentissage graves et durables ; oh ! le bel euphémisme ! —, un mien ami, vous disais-je, éprouvait les pires difficultés du monde, en fin de cours ou de journée, à faire noter par ses élèves les leçons à apprendre pour le lendemain ou les jours suivants, les deux ou trois exercices à faire, les choses auxquelles il faut penser…
Vous ne le savez que trop bien, tout ça, de manière immémoriale, se note dans un petit carnet ad hoc appelé cahier de textes.
Le problème, quand on est élève de Segpa, qu’on a déjà les plus grandes difficultés du monde à comprendre, qu’on écrit très mal, de manière parfois illisible, qu’on a parfois la mauvaise habitude de ne plus trop savoir où est passé ce fichu cahier de textes, ou même de le perdre ou d’en faire un tout autre usage que celui qui lui était assigné, oui, le problème pour un tel élève est que c’est très très compliqué.
Compliqué de noter, compliqué de noter sans se tromper, compliqué de se rappeler qu’on a noté quelque chose, compliqué de relire ce qu’on a noté si on l’a retrouvé, compliqué aussi de le comprendre, compliqué enfin de faire le travail demandé…
Quelle est la solution ?
Tu as déjà deviné, lecteur sagace !
Ces petits téléphones, si discrètement cachés au fond des poches des élèves de Segpa — ne vous inquiétez pas, ils en ont tous un, bien à eux ! —, sont capables de prouesses techniques et souvent pourvus d’agendas ou autres aide-mémoire bien utiles.
Ci-dessus, deux élèves de la même classe ont noté, de deux manières différentes, l’un dans un texto, l’autre dans son agenda, que le maître souhaitait le retour des dossiers d’inscription.
Et me dit mon mien ami qui transgresse allègrement la loi et qui n’en a pas honte, c’est que ses élèves, de cette manière, se rappellent bien mieux et bien plus souvent les consignes de travail à la maison, lequel travail est, conséquemment, fait plus souvent et sans retard.
N’insistez pas, vous n’aurez ni le nom du contrevenant, ni le lieu du forfait, ni les noms des élèves mineurs complices !
Michel Guillou @michelguillou
Crédit photo : anonyme.
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