Dis, papa, le numérique, c’est quoi l’idée ?

Réseau social

Le numérique, c’est évidemment et d’abord de la culture. De la bonne culture faite pour les femmes et les hommes qui partagent le goût d’être et d’avancer ensemble, en plein accord avec leur temps. C’est la culture de la confiance et de la raison, la culture des lumières contre l’obscurantisme, la culture de l’humain, du social, du sociétal.

Le numérique, c’est de la culture, rien d’autre.

Le numérique, c’est la culture d’aujourd’hui, économique, politique, citoyenne, sociale, éducative, médiatique, informationnelle, la culture d’un nouvel humanisme qui s’éclaire des potentialités démultipliées de l’échange, du partage, de la diffusion de la connaissance, de l’accès de chacun à cette dernière. C’est la culture de l’engagement, du changement et du réseau, celle de l’horizontalité réticulaire. Le numérique ne peut pas s’inscrire dans une démarche verticale.

Le numérique, c’est la sagesse, la tempérance, la sobriété mais aussi la bienveillance, la générosité, l’envie, le désir. Le numérique, c’est l’ordre et le désordre, le flux et le reflux, le connu et l’inconnu, le su et l’insu, la rareté et l’abondance, la mesure et la démesure, le réel et la fiction.

Le numérique, c’est tout ça à la fois. Mais, avant tout, c’est un paradigme culturel, civilisationnel et humaniste, c’est de la culture.

La culture numérique, oui, je sais ce que c’est. Pour la mettre en œuvre, nous nous servons d’outils nouveaux et de technologies récentes, qui ne cessent de se renouveler. Ce sont des outils numériques, des techniques ou des technologies numériques. On peut clairement nommer des outils numériques et dire comment on s’en sert. Ils sont nombreux. Mais « l’outil numérique », je ne sais pas ce que c’est. Le numérique n’est pas un outil. Dire ou penser que c’est un outil, c’est passer à côté de l’essentiel, sa dimension éminemment paradigmatique, ne pas comprendre comment il change et a déjà changé au fond la société.

Pour le mettre en œuvre, comme pour ce qui concerne tous les chantiers sociétaux ou politiques, nous avons besoin de la philosophie, des arts et des sciences, à commencer par l’informatique mais pas seulement elle. Toutes les sciences ou disciplines sont concernées mais, parmi elles, il faut relever, au premier chef : les mathématiques, la biologie, les sciences physiques, l’épistémologie bien sûr, le cognitivisme, la sociologie, les sciences humaines, le design, l’architecture etc.

Mais l’informatique ne peut se confondre avec le numérique, vous le voyez bien, non plus que les techniques de l’information et de la communication.

Le numérique, c’est de la culture, vous dit-on. C’est la culture numérique.

Ce serait bien que nos élites le comprennent enfin. À commencer par le Conseil national du numérique qui vient d’être doté d’un nouveau président.

Michel Guillou @michelguillou

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Crédit photo : Martin GrandjeanOwn work, CC BY-SA 3.0, $3

[cite]

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9 commentaires pour “Dis, papa, le numérique, c’est quoi l’idée ?
  1. Ninon Louise LePage dit :

    Cher Michel
    Merci pour ce nouveau texte qui force la réflexion. Je crois comme toi que le numérique c’est la culture, le sésame qui ouvre la porte de toutes les cultures . . . et j’ai encore beaucoup à penser pour ajouter quoique ce soit à ce commentaire.

  2. Le numérique, c’est la culture, l’insu, l’accès ? Mais aussi l’inculture, les comportements grégaires, le pire. C’est tout en plus fort, tous les champs disciplinaires, peut-être. Dans tous les cas, ça n’est pas une fin en soi. Je pense, contrairement à vous, que c’est un outil, un objet, quelque chose de très concret ; des câbles, des disques, des ondes, des microprocesseurs. Rappeler la dimension technique du numérique est aussi une nécessité. Pour construire le numérique, il faut saisir son fonctionnement, comprendre quand il est en danger. Aujourd’hui, le numérique, sous couvert d’apporter une réponse aux besoins immédiats de tout un chacun, devient un oligopole de plates formes. En ce sens, le numérique n’est plus culture, mais inculture, intérêts, directions.

    Le numérique est un territoire à conquérir et à défendre politiquement pour enfin devenir et rester tel que vous le décrivez « de la culture et rien d’autre ».

    Merci pour votre appel à la réflexion.

    • samuel dit :

      La culture est ce qui soude les individu en un groupe, Le grégarisme est la tendance des individus à former sociétés. je ne vois pas de mal a cela, pour quoi dite vous que chercher a vivre ensemble serait la pire des chose?

      Vous penser que le numérique est un outil? le numérique est un concept, celui de présenter une information sous forme de nombre. on peut considérer un système informatique comme un outil, on peut considérer un téléphone comme un outil mais le fait de penser, et uniquement de penser, qu’une information, un mot, une image, que n’importe quel information puisse être traduite en nombre, cela, n’est pas un outil, n’est pas un objet, n’est absolument pas quelque chose de concret, de matériel, c’est une penser, un concept. Les câbles existait déjà du temps de l’analogique tout comme les disques, les ondes et même les microprocesseurs.

      Aucune question technique ne peut impacter le numérique car ce n’est pas une réalisation matériel, donc pas de problème de fonctionnement ni de mise en danger par ou de la technique.

      Le numérique n’est pas un individu, il n’a pas de volonté propre.
      Un oligopole de plate formes? Là, je ne comprend pas, peut être pourriez vous reformuler? A moins que vous ne confondiez là encore le concept de numérique avec certaine applications technique.

      Vous l’aurez compris, je suis en désaccord avec vos argument, argument qui m’ont poussé à réfléchir sur la question et à vous répondre que le numérique même n’est qu’un concept et je vous remercie de m’avoir permis cette réflexion.

      En espérant ne pas m’être montrer trop grossier et merci à l’auteur pour son article.

  3. Merci pour votre réponse, vous n’êtes absolument pas grossier.

    Quand je parle de comportements grégaires, je ne fais évidemment pas référence à « ce qui fait société ». Une société ne se contente pas de comportements grégaires, ça serait trop facile. Chacun croit aujourd’hui avoir « son petit Internet » dans la poche, ultra-personnalisé et prêt à répondre à n’importe quelle sollicitation compulsive. Je n’appelle pas ça de la culture, mais bien une forme d’addiction, souvent à l’égard de plates-formes privées.

    Pour être très concret, non, le numérique n’est pas « un concept » au sens philosophique du terme, comme peut l’être l’art, la liberté, la puissance… Le numérique est au mieux un outil, une « technique » comme ont pu l’être la Lettre, l’imprimerie… La technique est un support à la pensée, pas une pensée. Pour penser, il faut un individu (cf Descartes), et vous le dites vous-mêmes « le numérique n’est pas un individu (…) n’a pas de volonté propre ».

    Les comportements grégaires que je dénonce sont ceux qui sont induits par les « supports au numérique ». En effet, un Internaute ne navigue pas dans les informations « traduites en nombres » que vous évoquez, il navigue sur des sites Internet, des plates-formes de contenu (ce site, un autre, Facebook) elles-mêmes calculées (en 0 et en 1) grâce à un navigateur, un OS… Quand Facebook lance le service internet.org dans certains pays émergents, c’est bien une question technique et une question de plateforme (une application technique) qui impacte directement la façon dont les internautes ont accès à l’information et donc à la culture (avec ce service, des populations « pauvres » ont certes accès gratuitement à Internet, mais seulement via Facebook), c’est comme si on vous autorisait l’entrée à un seul musée, mais privé. Or la culture ne vaut que quand elle est plurielle.

    Au même titre, quand un opérateur téléphonique s’accorde (ou non) avec un moteur de recherche pour que l’information circule plus vite pour le client (ou non), la qualité de l’information est biaisée. Or la culture se doit d’être accessible, libre, gratuite, et dans la mesure du possible, présentée sous une forme qui reflète l’état de la société et non pas les objectifs desdites plateformes (après, il y a le culture de masse, la culture des élites…).

    Je confonds peut-être « numérique » et positions oligopolistiques des acteurs du net me direz-vous, mais les deux sont étroitement liés. Dire qu’Internet « n’est que culture », c’est occulter le fait qu’il est avant tout un espace (public à l’origine) pris d’assaut par des entités (publiques et privées) qui n’ont pas vraiment les mêmes armes dans la course au temps de cerveau disponible (cf Microsoft Vs Framasoft).

    Regardez autour de vous, Internet est pour beaucoup pas grand chose de plus qu’une rue marchande avec une petite bibliothèque nommée Wikipédia dans une ruelle, qui peine à assurer son ravalement. Une place de choix pour la culture !

    Vous l’aurez compris, je parle bien sûr de neutralité du net et de guerre économique. Cette dernière question n’est pas apparue avec le numérique, évidemment, mais le numérique ne l’a pas fait disparaître pour autant, bien au contraire.

    Pour en revenir à votre message, vous avez raison, la culture est (entre autres) ce qui soude les individus (une langue, un espace, une histoire commune). Mais la guerre aussi soude les individus, dans leurs affects négatifs… Ne voyez pas là une transition trop pessimiste, mais le numérique à l’heure actuelle est à 95% un espace marchand (donc un espace de concurrence, de guerre), dans lequel les individus choisissent de moins en moins ce qu’ils lisent (cf les algorithmes de Netflix ou Facebook sont tout à fait capables de savoir ce que vous allez lire / regarder en fonction de votre historique). Ce numérique, c’est aussi une grande machine à vous espionner (je ne vous fais pas un dessin), en ce sens, encore une fois, c’est un outil, qui porte les objectifs politiques qu’on lui donne. Si on devait parler en terme d’affect, ou de pulsion, je ne pense pas que le numérique auquel nous avons accès aujourd’hui « fasse société », je pense au contraire qu’il défait la société, qu’il érige (souvent) des pulsions négatives en parangons de comportements à suivre (c’est ça que j’appelle « grégaire » –> l’illusion du choix quand on ne l’a pas vraiment). L’Uberisation, typiquement, appelle a moins de solidarité (même si je ne jette pas le bébé avec l’eau du bain), elle ne « lie » les individus qu’avec la promesse d’une « demande mieux adressée par le marché ». Le marché, ça n’est pas la culture.

    Quand le numérique (et Internet, puisqu’on y est) devient un tel outil, le temps et l’espace pour le hasard, la flânerie, l’innocence, en est réduit. Et Dieu sait que la culture a besoin de ces espaces. C’est sûrement la raison pour laquelle j’aime encore bloguer, lire des blogs, ils sont encore (pas toujours) des espaces gratuits, intéressants, surprenants. Les photos de chatons que me propose Facebook ont perdu ce caractère il y a bien longtemps.

    J’espère avoir été plus clair, je reste disponible pour échanger, ici ou chez moi sur http://www.maisouvaleweb.fr (pas l’habitude de faire ce genre de renvoi mais il m’arrive de traiter ces questions, je pense que l’auteur de ce blog comprendra, je comprendrais aussi qu’il efface ce renvoi :-).

    • samuel dit :

      Merci je pense comprendre un peu mieux ou nous divergeons, je tient énormément a bien différencier le numérique de toute les application pratique qui en découle. je suis parfaitement d’accord avec vous sur tout les problème, danger et toute les question politique, économique et social lier au web, et je dit web et non internet, internet qui est le fait d’interconnecter plusieurs réseau entre eux, matériellement et logiciellement (je ne sais même pas si ce mot existe :-) ). Je suis conscient qu’internet aussi est en danger.
      Rien n’est consultable « sur » internet même, ce blog par exemple j’y accède via le web en passant par des interconnexion et je tient a bien différencier les deux terme car il ne désigne pas la même chose. De même que le numérique ne se résume pas a/aux internet, web, et autre système informatique, j’ai une calculatrice qui a un écran numérique et pourtant elle n’est pas connecté à quelque réseau que ce soit.

      Je suis navré de me montrer aussi borné mais je vais récidivé, le numérique est à l’électricité ce que la peinture est à l’art, une certaine façon de faire.

      Lors ce que facebook lance internet.org c’est bien du domaine du web, il ne menace pas de supprimé tout les  » 0  » ou tout les  » 1 « , l’impacte n’est pas à minimiser, simplement si ce service reposait sur un système analogique le problème serait toujours là. Le numérique fait que ce ne sont pas des page de texte qui circule entre le serveur et mon pc mais bien des 0 et des 1.

      Je pense non pas que vous confondez numérique et acteur du net, je pense que vous confondez numérique et internet, numérique et web.

      La culture n’est effectivement pas unique, commune a tous et en tout lieu et elle n’est pas non plus forcément agréable pour ne pas dire bonne et ainsi évité d’avoir a définir le bien et le mal pour une culture, de même la société est ce quel est et non ce que l’on voudrait quel soit (du moins, pas encore :-) ).

      Je suis heureux de pouvoir discuté avec quelqu’un qui ne m’envoie pas dans les rose sitôt qu’un désaccord survient je vous en remercie beaucoup. Discutons, tant que nous le pouvons encore.

  4. Merci de donner suite,

    Je saisis bien les différences entre numérique / Internet / le web / les plates-formes. Je pense qu’à l’origine, l’article à partir duquel nous commentons n’a pas intérêt à rentrer dans ces détails, puisqu’il est question d’une réflexion globale qui a mon sens se résume (un peu trop) à « Le numérique, c’est génial ».

    Il y a peut-être quelque chose d’un peu magique, c’est vrai, dans notre capacité à mettre en 0 et en 1 tout ce qui existe (même si ce langage binaire, lui, est vieux comme le monde). Mais je n’en démords pas non plus : pour moi un microprocesseur est une machine basique, Input / Output, un bête signal ou non signal électrique. Le génie est dans le logiciel, c’est à dire dans l’humain (pour le moment…). Je dirai dans ce cas pour reprendre votre analogie que le logiciel est au numérique ce que l’art est à la peinture. Vous voyez où je veux en venir ?

    Ce serait intéressant d’avoir le point de vue de l’auteur là-dessus ;)

    • À l’évidence, nous ne parlons pas de la même chose. Pourquoi réagirais-je à vos propos ? J’ai simplement voulu remettre à sa place le numérique dans le champ de la culture commune de ce début de millénaire. Je ne vois pas où vous avez vu ou lu du génial là-dedans, désolé.

      • Bonjour,

        Il m’a semblé que cet extrait par exemple :

        Le numérique, c’est tout ça à la fois. Mais, avant tout, c’est un paradigme culturel, civilisationnel et humaniste, c’est de la culture.

        Indique que le numérique est quelque chose de positif. N’enlevez pas mes guillemets à mon « génial »…

        Vous ouvrez des commentaires, je pense que c’est pour recueillir des réactions et éventuellement y répondre… Si nous ne parlons pas de la même chose, alors je voudrais bien savoir de quoi on parle !

        Mais en effet, rien ne vous oblige à réagir.

        A bon entendeur.

  5. rossignol dit :

    De la culture qui ne cessera jamais d’évoluer. Bien sur que c’est génial, pourquoi ça ne le serait pas? Qui n’aime pas la technologie de nos jours?
    Juste que c’est plus difficile pour certain de s’y habituer et d’où le fait qu’ils ne trouve point ceci génial.

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